Le 17 octobre, Karim Benzema a reçu le Ballon d’or 2022 et a été sacré meilleur joueur du monde de football. Un trophée, qu’il a nommé le «Ballon d’or du peuple». Au lendemain de sa victoire, rencontre avec les habitants du quartier du Terraillon à Bron en banlieue lyonnaise, d’où le footballeur est originaire.
Au marché de Terraillon à Bron dans la banlieue de Lyon, d’où Karim Benzema est originaire, le français se mélange au darija et au turc, tandis que les femmes à poussettes entourées de leurs enfants se pressent vers la place centrale pour faire leurs emplettes.
Karim Benzema est une star ici. Il a évolué au sein du SC Bron Terraillon, de 1995 à 1997, avant de passer à l’Olympique lyonnais pendant plus de 10 ans. Depuis cet été, il est capitaine du Real Madrid, l’une des meilleures équipes de football au monde. Le 17 octobre, il a été sacré meilleur joueur de football du monde, et a reçu le Ballon d’or 2022, qu’il a dédié à ses tout premiers fans.
Le Ballon d’Or, qu’est-ce que c’est?
Dans la salle du club house du SC Terraillon Bron, plus de 250 personnes se sont réunies le lundi 17 octobre pour regarder la cérémonie du Ballon d’or. Crédit: Aylin Elci
Le prix est attribué par France Football pour le meilleur joueur du monde de l’année depuis 1956. Cette année, un jury de 100 journalistes a nominé 30 joueurs internationaux. Karim Benzema est le premier joueur français à être primé depuis Zinedine Zidane en 1998. Avant d’être sacré, il avait été nominé onze fois.
«Un gars du quartier»
«Quand il jouait à l’OL, il avait une Peugeot 307 noire, et on s’est croisé plusieurs fois, déclare Sid Ali, l’un des marchands. C’est une fierté qu’il gagne ce trophée, surtout qu’il a des origines algériennes, donc on est super fier», glisse le vendeur avec un sourire malicieux.
A quelques centaines de mètres, vers le restaurant Paniniou dont le patron est le beau-frère de Karim Benzema, Mohamed, affublé d’un maillot du Real Madrid, partage cette fierté. A 27 ans, il est trop jeune pour avoir connu le footballeur, mais cela n’a pas d’importance:
«Benzema, c’est un gars du quartier, comme n’importe qui, donc ça fait quelque chose en plus, ça m’a ému qu’il gagne. Tous les jeunes de banlieue ont regardé la remise du prix».
Dans la cour de l’ancienne école primaire du footballeur, Eddy profite du préau vide pour faire du sport. Il est «né quatre mois avant Benzema» à Terraillon: «C’était fabuleux de voir quelqu’un qui a grandi ici, soulever le Ballon d’or!».
En plus de Karim Benzema, Terraillon compte également Farès Chaïbi, milieu de terrain à Toulouse, et Hamza Rafia, milieu de terrain à la Juventus. Crédit: Aylin Elci
Du SC Bron Terraillon au meilleur club du monde
Benzema a intégré le SC Bron Terraillon à sept ans, alors qu’il était encore à l’école primaire. A neuf ans, lorsqu’il marque deux buts contre l’équipe juniore de l’OL, il y est recruté et c’est le début d’une ascension fulgurante.
Au stade du SC Bron Terraillon, pas loin de l’école, le directeur technique Joris Daquin, une bombe aérosol à la main, peint une fresque en l’honneur de Karim Benzema. Elle sera inaugurée le lendemain, le 19 octobre, juste à temps pour les entrainements des juniors du mercredi après-midi.
A quelques mètres de la maison d’enfance de Karim Benzema, au fond à gauche, l’équipe du SC Terraillon Bron admire sa fresque en l’honneur du footballeur. Crédit: Aylin Elci
Pendant ce temps, à l’intérieur du club house, Ayoub Ayeiri découpe un pochoir pour finaliser le chef d’œuvre. Il effectue son service civique au sein du club où il a joué pendant près 10 ans. «C’était énorme hier, on a rediffusé la cérémonie et on était 250 ici», dit-il en désignant une petite salle remplie de trophée. Enfant, il a rencontré Karim Benzema, et sa consécration est une vraie «fierté» pour lui.
Depuis le club, on devine la maison dans laquelle l’attaquant du Real Madrid a grandi. «On connait un ancien du club de boule à côté du stade, et il nous racontait que tout petit, Karim arrivait de l’école, il prenait son ballon et il le tapait contre le mur pendant des heures», explique Patrick, qui travaille à l’entretien des infrastructures sportives de la ville de Terraillon depuis près de 30 ans et qui a vu Karim Benzema jouer plus jeune.
Finalement, certains – peut être ceux qui le connaissent le mieux – préfèrent garder les anecdotes pour eux. C’est le cas de Mme Saïd, la voisine des Benzema: «Je les connais vraiment bien, ils ont longtemps été mes voisins, donc je préfère ne pas parler d’eux en public», dit-elle, avant de disparaitre derrière une des portes du lotissement dans lequel Karim Benzema a grandi.